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PCF La Trinité
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25 août 2009

A qui appartient donc le CAC 40?

Malgré la crise,

records pour les dividendes !

Depuis dix ans, la structure du capital des grandes entreprises françaises s’est radicalement modifiée, allant de pair avec la financiarisation de l’économie.

Au printemps, les actionnaires du CAC 40 se sont rendus dans leurs assemblées générales. Ce grand rendez-vous marquait le moment pour les propriétaires du groupe de valider les comptes présentés par la direction, mais aussi d’adopter diverses résolutions telles que le montant du dividende et toutes autres opérations touchant au capital de l’entreprise. C’est également l’instant où les dirigeants se devaient de répondre aux questions qui leur étaient posées.

Habituellement désertées par beaucoup d’actionnaires minoritaires, cette année les salles étaient pleines et l’atmosphère ten­due. Pour cause, avec la débâcle des mar­chés financiers, certains ont perdu entre 50 % et 80 % de leur mise initiale. « Ils se sont clairement fait plumer dans l’his­toire », affirme Colette Neuville, prési­dente de l’association des actionnaires minoritaires, alors que dans le même temps les dirigeants de ces mêmes grou­pes ont vu leur rémunération exploser.

Des voix qui ne font pas le poids pour peser dans les décisions de grand groupe. Depuis une bonne dizaine d’années, le nombre d’actionnaires individuels s’effon­dre, l’actionnariat s’internationalise et, progressivement, un changement radical dans la structure du capital des entreprises du CAC 40 s’opère. Il laisse place à un actionnariat plus dispersé au centre duquel les investisseurs institutionnels qui regrou­pent grosso modo les fonds de pension ou autres produits d’épargne anglo-saxons et les fonds d’investissement obtiennent la première place et deviennent de fait les nouveaux acteurs. Ainsi en 2007, le CAC 40 appartenait pour 47,6 % à des fonds d’investissement, pour 22,9 % à des inves­tisseurs institutionnels, pour 26,3 % à des actionnaires stratégiques, pour 3,2 % à des actionnaires individuels. Les grandes familles, qui font couler beaucoup d’en­cre, ne possédaient en 2005 que 4,4 % du CAC 40 et deviennent globalement des actionnaires relativement minoritaires. À l’exception des Martin et Olivier Bouy­gues, la famille Halley dans le groupe Carrefour ou Liliane Bettencourt chez L’Oréal… Dans une étude, en 2003, François Morin, professeur d’économie à l’université de Toulouse-I, démontrait que la montée en puissance des fonds de pen­sion dans le capital des entreprises du CAC 40 coïncidait avec l’arrivée d’un nouveau mode de gestion selon lequel le concept de la création de valeur pour l’actionnaire devient l’objectif numéro un.

Concrètement, les actionnaires s’assurent que les entreprises dans lesquelles ils investissent créent de la valeur, c’est-à-dire que la rentabilité de leur projet soit supérieure au coût des capitaux engagés. Il ne s’agit plus seulement de réaliser un profit positif, mais de parvenir à un taux suffisamment rémunérateur pour les actionnaires. Ainsi, une activité supposée générer de 6 % à 7 % de retour de capi­taux sur investissement sera abandonnée au profit de celle qui en générera 15 %. Et lorsque l’entreprise ne crée pas suffisam­ment de valeur, alors elle doit procéder à des restructurations. Ainsi peut-on dire que, dans ce système, le risque est trans­féré des actionnaires vers les salariés.

Sous l’emprise des investisseurs institu­tionnels, « les grands groupes français ont dû faire face à un véritable bouleverse­ment qui a modifié la nature du capita­lisme français », analyse François Morin. La loi d’airain de ce capitalisme financia­risé s’applique même en temps de crise : alors que les groupes accusent une baisse de leurs profits, ils continuent d’accorder la priorité à leurs actionnaires en mainte­nant leur niveau de dividendes.

Hormis Renault, les grands du CAC 40 ont encore versé plus de 55 milliards de dividendes au titre de l’exercice 2008.


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